Vœux de notre ministre : deux discours ou double discours ?

Notre ministre, Mme Annie Genevard, s’est adressée le jeudi 9 janvier aux agents du MASA puis aux agents en services déconcentrés le vendredi 10 janvier à l’occasion d’un Les points à retenir concernant les priorités pour 2025 :
– L’adaptation de l’agriculture française au changement climatique : assurance récolte,
gestion de l’eau, projets alimentaires territoriaux (PAT) », Plan Haies, Ecophyto 2030,
– Le contrôle unique,
– La police sanitaire unique : « C’est une mission stratégique, scrutée par l’opinion publique»,
– Les assises du sanitaire animal,
– Le projet de loi d’orientation agricole,
– l’enseignement agricole : apprentissage, mise en œuvre des « bachelors »(1) dont le nom
avait disparu dans les dernières moutures du texte pour réapparaître dans le projet de loi voté le 19/02 (article L812-12 du CRPM) malheureusement à notre sens !

Les erreurs et les oublis du discours !

Le 9 janvier, à l’évocation de la sécurité alimentaire en 2024, seuls l’ANSES et l’INAO sont remerciés alors qu’ils ne font justement pas de sécurité alimentaire, mais de l’évaluation des risques pour l’une et de la valorisation pour l’autre !
Ensuite, l’un des « chantiers d’ampleur visant au renforcement de la sécurité sanitaire » en 2025 est la poursuite du déploiement de la Police Sanitaire Unique PSU mais la délégation des contrôles est complètement passée sous silence alors que de plus en plus de temps et d’ETP sont consacrés à cette activité dans les DD(ETS)PP. Le mot « délégation » est même complètement absent des 2 discours ! Oui, nous avons vérifié !
De plus, le terme « les agents » de la PSU » qui englobe, aussi bien les agents des DDI formés, que les employés privés des délégataires, est assez vexant. Les 80 % de contrôles réalisés en plus sont bien réalisés par les délégataires, certes, mais avec quel niveau de qualité et dans quelle condition de recours juridique contre l’acte ?
Comme bien trop souvent les bénéfices (crédits) ou les louanges vont au privé et les activités déficitaires ou moins valorisantes restent aux agents publics dont on pourra, après les avoir confondues dans un premier temps souligner, à terme, leur improductivité.
La PSU aura été et, est encore, le cheval de Troie de la délégation.

Autres grands oubliés, les IAA (industries agroalimentaires), la restauration commerciale, la restauration collective… qui sont également contrôlées par les services de DD(ETS)PP. La production primaire, les agriculteurs, oui mais l’industrie agroalimentaire, donc l’aval, qu’en est-il ? Et que serait notre production sans les exportations de produits alimentaires ? Ce serait faire complètement abstraction de tous les agents qui travaillent avec les opérateurs des IAA comme FAM, ou encore en DD(ETS)PP. La souveraineté alimentaire c’est également les produits transformés.

Enfin, quand la ministre « remercie » l’Agence Bio, leur dit-elle « thank you » ou « you are fired » selon le modèle en vogue outre-Atlantique.

En conclusion, Madame la Ministre, si votre « fil rouge » de l’année 2025 est celui de la simplification, ce qui se comprend tout à fait, il ne faut pas en oublier des missions importantes et les agents qui les assurent au quotidien. Entre les délégations et les contrôles uniques, la simplification ne doit pas être une simplification à tout crin.

1 Le Conseil d’État (mars 2024) relevait, [ ,,,] Ien second lieu, que l’emploi de ce mot emprunté à l’anglais ne peut s’appuyer sur les mêmes justifications, tirées principalement de l’objectif d’harmonisation des diplômes européens et de reconnaissance internationale, que celles prises en considération lors de la création du grade de « master » (Conseil d’Etat, 11 juin 2003, Association « Avenir de la langue française », n° 246971, 246972 et 246973). Il propose en conséquence de s’en tenir à la dénomination de « diplôme national de premier cycle en sciences et techniques de l’agronomie ».