Mais nous ne reverrons pas les euros qui nous manquent cruellement aujourd’hui !
Cadre juridique : L’intervention de prestataires extérieurs s’inscrit dans le cadre précis du code de la commande publique – c’est un marché, il est donc encadré. Il s’agit d’une prestation intellectuelle mais la définition même semble parfois floue.
À la demande de la commission des finances du Sénat, la Cour des comptes avait déjà conduit en 2014/2015 une enquête sur « le recours par l’État à des conseils extérieurs ». Deux rapports parlementaires de l’AN et Sénat récents sont également intervenus ; le sujet fait donc débat.
- Avant – / après le Covid, un vrai changement ?
La période covid a été l’acmé, si l’on peut dire, de cette passion entre les cabinets de conseils et l’Etat ; mais notons que tous les ministères n’étaient pas tous autant alléchés par les savoirs exceptionnels et les qualités « rares » des cabinets de conseils notamment sur la réorganisation de la gouvernance de nos services, le juridique ou l’informatique : Certains l’étaient plus que d’autres.
Répartition des dépenses de conseil pendant la crise sanitaire (hors Santé publique France et en millions d’euros)

Notre ministère était cependant plutôt en retrait comme le montre le camembert ci-dessous ;.

Tirée de Commission enquête Sénat
- Un nouveau cadre en 2022 ?1 un Kit de survie dédié.
Depuis la circulaire de 2022 prise dans la précipitation suite à l’audition de Mme de MONTCHALIN par la Cour des comptes un certain nombre de jalons ont été posés et le mot d’ordre fut simple : on se calme et on ré internalise ce qui peut l’être.
Le Premier ministre a prescrit aux ministères de diminuer de « 15 % au moins » en 2022 par rapport à 2021 leurs dépenses à ce titre. Un nouvel objectif a été fixé pour 2023, qui prévoyait une baisse de 35 % par rapport à la même base de 2021.
Evidemment pour mettre en musique cette circulaire et les nouvelles directives du gouvernement qui s’était fait tirer les oreilles, il a fallu créé un pôle interministériel d’achat de prestations intellectuelles au sein de la DITP2. On ne se refait pas.
Néanmoins, l’Etat peut tout à fait, si cela est nécessaire pour une expertise particulière et ponctuelle, dans un cadre bien précis, faire intervenir un cabinet de conseil.
- La Cour des Comptes en 2023
« L’État a fait appel de manière croissante au cours des dernières années aux services de cabinets privés, pour un montant – hors informatique – de l’ordre de 200 M€. En dépit des recommandations qui lui avaient été faites sur les conditions de ce recours, peu de progrès ont été réalisés jusqu’à une date récente. ». C’est un constat assez sévère !
Le rapport montre néanmoins que le secteur public représente, en France, une part moindre de l’activité des cabinets de conseil (12,5 % y compris les collectivités territoriales) que dans la plupart des pays européens par rapport à la GB par ex ou même à l’Allemagne. And so what ?
Les constats restent cependant durs : une sollicitation très forte et sans réel retours sur investissements a été notée par la Cour et les rapports parlementaires et ce, pendant plusieurs années avec une forte dérive financière bien évidemment.
En 2021, les dépenses de conseils au sens large ont dépassé le milliard d’euros, dont 893,9 millions pour les ministères et 171,9 millions pour un échantillon de 44 opérateurs.
Souvent l’évaluation après les prestations n’était pas réalisée, le suivi laissait à désirer. Les logiciels ne permettaient pas même un « reporting » efficace. Les PPT facturés chers, souvent longs, proposaient des méthodes ludiques pour les collaborateurs ; les mots clés à la mode et creux (que nous retrouvons encore régulièrement dans nos documents internes et issus des cabinets), fleurissaient. Ils ont laissé des traces.
Quelques exemples comiques :
- Nuage de mots,
- Klaxoon ;
- Escape games intégratifs,
- Le « bateau pirate »: chaque participant s’identifie à un des personnages (capitaine, personnages en haut du mât ou en proue, etc.) et assume ce rôle, son positionnement, ses humeurs, etc.
Etc. etc.
Des domaines très tendus et techniques comme l’informatique n’étaient pas avares en sollicitations.

C’est un soulagement aujourd’hui ! Combien de fois ne nous sommes-nous pas dits en notre for intérieur : mais pourquoi demander à des cabinets extérieurs de nous épauler sur des sujets que nous connaissons et sur lesquels nous avons même des idées ?
En effet, Il vaut parfois mieux laver son linge sale en famille, cela coute moins cher et cela reste entre nous ; surtout pour tout ce qui ne doit pas être divulgué à des oreilles parfois indélicates !!!
Pour en savoir plus !
- Circulaire 19/01/2022
- Senat commission enquête- https://videos.senat.fr/video.2879761_6234b4be834a9.l-influence-des-cabinets-de-conseil-un-phenomene-tentaculaire
- Cour des comptes Rapport juillet 2023 LE RECOURS PAR L’ÉTAT AUX PRESTATIONS INTELLECTUELLES DE CABINETS DE CONSEIL
- AN n° 4928 -janvier 2022- Mission sur les différentes missions confiées par l’administration de l’État à des prestataires extérieurs (outsourcing)
- Le Jaunes 2025 LFI
1 Les points sensibles étaient :
- Les pro bono revus ? normalement c’est terminé
- État des lieux à réaliser dans nos services : nos services sont en général bien fournis sans compter le CGAAER, pourquoi ne pas les solliciter ?
- Enfin le sujet lié à la souveraineté de notre pays c’est-à-dire les données sensibles qui ne doivent pas circuler tranquillement ; ces données sont-elles détruites ? cf la circulaire 2022
2 Direction interministérielle de la transformation publique – https://www.modernisation.gouv.fr/