Suite de notre série sur les dépenses et la dette de la France …versus les services publics (le I° est consacré aux cabinets de conseils).
Quand les efforts de guerre demandés, nuisent aux salariés et aux services publics mais accroissent les richesses de certains, il faut se questionner. L’Europe va-t-elle nous conduire à la guerre et nous ruiner pour le rêve d’une CED (communauté européenne de défense) enterrée par la France il y a plus 70 ans1 ?
Le 19 mars, Éric Lombard, ministre de l’Économie et des Finances et Amélie de Montchanin, ministre des Comptes Publics ont annoncé discrètement devant la commission des finances du Sénat le gel de 9 milliards de crédits prévus pour le budget 2025. 1,1 milliard d’euros d’économies sont prévus sur l’Assurance maladie, ainsi que 8 milliards d’euros répartis entre les différents ministères.
Le président Macron veut porter le budget de la défense à 3 %, voire à 3,5 %, du produit intérieur brut et c’est pourquoi des efforts vont être faits !
De son côté notre ministre des Armées estime que « notre armée pourrait atteindre un poids convenable autour de 90 milliards d’euros par an » (Pour rappel, le budget de la Défense représente 50,5 milliards d’euros (hors retraites) en 2025).
Le rapporteur spécial de la commission des finances appelle à respecter à la lettre la loi de programmation, en mettant un terme à la pratique des reports de crédits qui sont très fréquents. Pour le ministre de l’Économie et des Finances, « nous allons devoir dépenser plus d’argent public et donc effectivement, cela imposera plus d’efforts » !
- Parmi les autres leviers, la France pourrait aussi compter sur la force de frappe européenne.
La présidente Ursula Von der Leyen défend notamment une dérogation au Pacte de stabilité et de croissance pour permettre aux États membres de dépenser davantage pour la défense, sans être visés par une procédure de déficit excessif. C’est donc possible ?! Toutes ces années à se restreindre sur des dépenses qui auraient pu être des investissements utiles à notre pays, sont balayées pour l’effort de guerre ! Finalement quand on veut lâcher, on peut ?
Pendant ce temps, entre le 4 et le 6 mars, le taux d’emprunt à 10 ans de la France est passé de 3,19 % à 3,60 %.
- Des mesures sont également envisagées par certains pour soutenir l’effort :
-Travailler plus, jusqu’ à 70 ans,
-Face aux défis économiques et géopolitiques de 2025, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) propose d’allonger le temps de travail à 36 heures par semaine pour financer l’effort militaire et garantir l’avenir des retraites.
-Et les emprunts et bons du Trésor « comme en 14 », réapparaissent !
Avant le troisième round de négociations sur l’abrogation des 64 ans, le 13 mars, les syndicats rejetaient toute idée de faire financer les investissements dans l’armement par des reculs dans le modèle social.
Oui mais alors que faire ? Où trouver l’argent ?
Mais surtout, tout ceci est-il bien justifié ? La propagande de guerre a toujours existé et a fait le terreau des belliqueux en tout genre. Stefan ZWEIG attaché à sa patrie et pro Européen mais pacifiste, gardait en lui une part de défaitisme tourmenté. L’histoire nous a montré que même les efforts fournis sur les citoyens (impôts), et toutes les restrictions d’ordre social n’ont pas permis de stopper des conflits quand ils devaient arriver.
La peur est aussi une excellente pourvoyeuse de mauvaises idées et de détournement d’actions justes et légitimes. Il faut aussi lire entre les lignes, car les intérêts des uns pour redorer une image ternie, peuvent vite devenir le cauchemar et l’enfer des autres et bizarrement toujours les mêmes : les plus pauvres, voire les classes intermédiaires, et les moins cosmopolites.
1 Le refus de l’Assemblée nationale française de ratifier le traité instituant la CED en 1954 entraîne également automatiquement l’abandon du projet de Communauté politique européenne dont il est le corollaire institutionnel.