Le sujet de l’usure professionnelle avait été abordé lors d’un groupe de travail le 8 octobre 2024, mais seulement en deuxième partie après une discussion sur la retraite progressive. Il nous semble que ce sujet doit être pris plus en considération et s’accompagner de mesures concrètes, car il peut toucher tous les agents du MASA.
Selon l’ANACT (Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail) https://www.anact.fr/usure-professionnelle, l’usure professionnelle est « un processus d’altération de la santé qui s’inscrit dans la durée et qui résulte d’une exposition prolongée à des contraintes de travail (ex : port de charges lourdes, objectifs irréalistes, injonctions contradictoires, pression temporelle…). L’usure professionnelle se traduit par des effets négatifs sur la santé qui endommagent les capacités à réaliser le travail : absentéisme, douleurs, restrictions d’aptitudes, fatigue, démotivation, maladies professionnelles… Ce processus peut apparaître très tôt dans les parcours, l’usure professionnelle ne concerne donc pas que les personnes en fin de carrière. »
« Certaines caractéristiques du travail sont connues pour être particulièrement pénalisantes : le travail de nuit ou en horaires décalés, les exigences physiques, le travail sous fortes contraintes de temps, les changements fréquents et le manque d’autonomie, devoir fréquemment interrompre une tâche, devoir se dépêcher, devoir répondre à des demandes urgentes, vivre des situations de tension avec le public, etc. »
Dans notre ministère, si certaines contraintes physiques sont évidentes, notamment pour les agents travaillant en abattoir ou en SIVEP, les pressions psychologiques sont également très présentes. C’est en effet le cas pour les agents exerçant des missions de contrôles, pour les cadres intermédiaires, les agents d’accueil…
Lors du GT du 8 octobre 2024, il a été question de la nouvelle note de service d’accompagnement au reclassement pour les agents déclarés « inaptes à leurs fonctions » par le conseil médical qui vient d’être publiée (note de service n°2025-593 du 18-09-2025 ) et de la préparation à la seconde carrière par l’élaboration d’un projet professionnel que l’on doit préparer seul. Des sujets importants mais trop restrictifs, en effet, au stade de l’inaptitude, l’usure est déjà dépassée et comment « bâtir un projet professionnel » quand l’on est déjà en fin de carrière.
Mais alors, quelles mesures pourraient être prises ?
Favoriser les retraites progressives. Les demandes de temps partiel en vue d’une retraite progressive doivent être acceptées par les directeurs des structures.
Favoriser les mobilités d’agents « séniors ». Porter une attention particulière à ces demandes de mobilités et les suivre jusqu’à l’attribution du poste. Bon nombre de structures refusent d’office ces candidatures, font passer à des agents expérimentés de plus 25 ou 30 ans d’expérience des pseudo entretiens où on vous reproche le manque de projet de carrière pour ne pas avoir à vous recruter.
Favoriser les mobilités de reconversion, ces secondes carrières qui soit disant sont possibles et valorisées. Désormais avec l’opacité des recrutements au fil de l’eau, il est devenu quasi impossible d’obtenir un poste sur d’autres fonctions. Une reconversion professionnelle est mission impossible. Les structures sont très frileuses. Un agent qui vient d’un autre département,voire pire d’une autre région et qui en plus n’a pas exercé exactement les mêmes fonctions, se verra d’emblée mis à l’écart.
L’Anact a publié un Guide pratique – travail des séniors contenant des pistes d’action pour faciliter le travail des personnes de 55 ans et plus, dans lequel elle recommande notamment de faciliter les fins de carrière. Elles « peuvent être l’occasion d’évoluer vers d’autres activités, de participer à des missions qui mettent à profit, enrichissent et valorisent l’expérience, d’adapter également les horaires et les temps de travail. »
Des actions concrètes de prévention de l’usure professionnelle et de facilitation des secondes carrières doivent être mises en place dans notre ministère, et cela indépendamment d’un quelconque accord. Des négociations d’accord QVCT non abouties ne devraient pas empêcher leur mise en place.