Burn out, RPS : Partie 1 – qu’est ce que le « management toxique » ?

Le management dit toxique est souvent engendré par l’environnement comme décrit dans certains de nos articles.

Des supérieurs toxiques il y en a toujours eu, mais notre environnement de travail actuel en « sécrète » peut-être encore davantage ! Nous avons eu l’occasion dans un édito d’aborder la LOLF accompagnée de ses réformes multiples et de noter que l’agent public est dans un tourbillon épuisant. Le manageur est lui-même un chainon incontournable dans ce processus et peut être lui-même victime (cf notre article sur le cadre intermédiaire).

Les RPS et Burn out se développent bien évidemment avec ce contexte anxiogène et pas toujours si bienveillant que cela.

L’encadrement parfois contraint en haut lieu ; « manage » à marche forcée, et bascule parfois dans un management brutal. Certains cadres s’y complaisent et c’est de ceux-là dont il faut parler.

Entre le pervers, le paranoïaque et autres formes de pathologies, qui existent à l’extérieur de l’entreprise au sens large, existent aussi en interne, les collaborateurs doivent survivre !

Tout d’abord de quoi parle-t-on ?

Voici quelques caractéristiques d’un management dit toxique :

  1. Manque de communication : Le manager ne communique pas clairement avec son équipe, ne donne pas de feedback constructif et ne partage pas les informations importantes.
  2. Micro gestion : Un manager qui surveille constamment chaque détail du travail de ses agents, leur retirant ainsi toute autonomie et confiance.
  3. Manipulation émotionnelle : Utilisation des émotions pour contrôler ou influencer les autres, par exemple en jouant sur la culpabilité, en menaçant ou en favorisant la peur.
  4. Absence de reconnaissance : Les efforts des agents ne sont jamais récompensés ou valorisés, ce qui peut conduire à un sentiment d’injustice ou de démotivation.
  5. Favoritisme : Le manager accorde des privilèges ou des opportunités uniquement à certaines personnes, créant une atmosphère d’inégalité et de division au sein de l’équipe.
  6. Critiques destructrices : Au lieu de donner un feedback constructif, le manager critique de manière agressive, humiliant ou dévalorisant l’agent.
  7. Manque d’empathie : Le manager semble indifférent aux problèmes personnels ou professionnels de ses employés, ce qui crée un environnement froid et impitoyable.
  8. Pression excessive : Imposer des attentes irréalistes ou des charges de travail excessives, sans tenir compte du bien-être ou des capacités de l’équipe.

Les syndicats, et la CFTC bien évidemment, sont très inquiets par ce développement de managements pas seulement « fermes » mais qualifiables de « déviants ».

D’ailleurs, cette année en mai 2025 le syndicat CFTC a dénoncé un « management toxique » chez Suez .

Qu’en est-il juridiquement ?

Le harcèlement au travaill’agressivitél’autorité vexatoire, le dénigrement ou les relations inadaptées au travail sont bel et bien reconnus comme des manquements dans le management et peuvent être punis par la justice.

Une jurisprudence récente abonde dans ce sens et va plus loin.

La cour d’appel avait refusé de valider un licenciement, estimant que l’absence de réaction sérieuse de l’employeur relativisait la gravité des faits. En effet, l’employeur n’ayant pas réagi, la question se posait.1

Mais la Cour de cassation casse cette décision le 6/05/2025 https://www.courdecassation.fr/decision/6819a1fdea7b3f881e0af49d

Une avancée juridique sur la reconnaissance du management toxique est donc à saluer. Pour la première fois, la Cour de cassation assimile « un style » de management toxique individuel à une faute grave.

Les pratiques incriminées ne relèvent pas de la violence manifeste ou du harcèlement caractérisé. Ce sont des comportements insidieux mais persistants, individuels, indépendamment de l’environnement professionnel ou de la responsabilité de l’employeur. Il s’agit d’une responsabilité individuelle sanctionnable par un licenciement pour faute grave!

Nous retenons donc :

  • La faute grave peut être retenue même en l’absence de réaction de l’employeur.
  • Un management toxique (même sans violence explicite) peut justifier un licenciement immédiat.
  • Les témoignages de l’équipe et les alertes médicales jouent un rôle central.

Ne vous laissez pas déborder dans ce genre de situation, n’hésitez à vous tourner vers la CFTC MAE.

Références bibliographiques pour aller plus loin

  • Marion SAINT MICHEL auteure de « Gouvernance perverse »
  • Paul Antoine MARTIN auteur « Le temps des pervers Burn out l’épidémie de siècle »  
  • Manipulation émotionnelle ou perversion narcissique, mieux s’en protéger…Marie Estelle DUPONT : https://youtube.com/watch?v=iIu7v028veg&si=dO_VXmx123HGZw5t

1 « (….) manque à son obligation de sécurité, l’employeur qui ne prend aucune mesure et n’ordonne aucune enquête interne après dénonciation par un salarié d’agissements constitutifs d’un harcèlement moral, peu important que ces agissements soient établis ou non » En effet, selon l’article L4121-1 du code du travail, l’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. (Cass. 2e civ. 8-10-2020 n° 18-25.021 et 18-26.677).

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