Se reconnaître en « burn out » n’est pas si simple : c’est parfois un aveu d’échec
Tout comme accepter d’avoir été mal traité, manipulé quand on est en âge de travailler peut être vécu difficilement : le miroir nous renvoie une image qui n’est pas vraiment flatteuse.
Même si bien des outils sont proposés et mis à disposition de l’employeur pour limiter les dérives, il n’empêche que la « QVCT » ne règlera pas tout ou que les DUERP qui ne sont pas toujours mis à jour, ne pourront pas écarter les individus malveillants ou sur investissant leur rôle de « manager ».
En effet, certaines personnes ont des comportements qui nous font plonger dans le Burn out et/ou harcèlement (l’un pouvant tout à fait se combiner à l’autre) sans même les sentir venir. Les personnes toxiques font très largement l’objet d’études ; nous en reparlerons.
Nous pourrions malgré tout nous étonner de voir augmenter le mal être à mesure que des gardes fous de plus en plus détaillés et nombreux sont mis en place. Tout est là, et pourtant les agents souffrent ; enfin certains.1
Tout d’abord arrêtons-nous sur quelques chiffres
D’après le « Baromètre sens au travail dans la fonction publique » réalisé par l’Observatoire national des RPS2 dans la fonction publique et publié en mars 2024 :
- 28% des agents disent parfois s’ennuyer dans leur travail
- 28% des agents disent ne pas ressentir la « fierté du travail bien fait »
- 37% des agents ont le sentiment d’être exploités
- 41% des agents ressentent une injustice organisationnelle
- 45% des agents considèrent que les pratiques/décisions dans leur environnement de travail viennent heurter leurs valeurs.
Sur Emploi public toujours3 , il est indiqué que depuis une vingtaine d’années les risques psychosociaux sont de plus en plus considérés comme des sujets majeurs de la vie au travail.
Trois facteurs principaux influent sur la santé des agents :
- L’organisation et la répartition de la charge de travail, nous en avons parlé dans des éditos,
- Les délais et injonctions à faire vite : voire des injonctions contradictoires ?
- et le style de management : Toxique ou seulement un peu autoritaire ?
Comme vous le notez, les deux premiers points peuvent correspondre aux nouvelles réglementations ou réformes mises en place ces dernières années. (Nous vous renvoyons à des éditos sur la LOLF – santé mentale ou encore à celui relatif à la situation des cadres intermédiaires ) ;
Beaucoup de tâches, souvent complexes (réglementations de UE imbriquées les unes aux autres et s’ajoutant à un corpus juridique déjà bien chargé) ou peu confortables et à risques, comme les contrôles notamment dans des milieux tendus (abattoirs, postes aux frontières) créent le terreau à ces basculements.
A cela s’ajoute, les reporting, les réunionites etc
La performance c’est évident, doit se mesurer mais cela nous rend – il « fou » ?
Santé et Travail le notait également en 2023« Le résultat d’une modernisation de l’Etat menéesans concertation avec les agents, souvent au détriment de leurs conditions de travail, épuise les agents » .
La mise en œuvre du concept deNew Public Managementet les réformes lancées depuis 2007 se sont accompagnées, entre autres, de réductions d’effectifs et de l’instauration d’une politique du chiffre etc.
Vous le notez nous en revenons encore une fois aux méthodes mises en place pour accompagner le changement, les évolutions. Les réformes sont parfois nécessaires mais pas « au pas de course » ni sans anticipation ou sans crash test pour s’assurer de leur efficacité !
D’autant que bien souvent rien ne change vraiment …
Les violons dans la salle de bal continuent de jouer et le bateau coule !
« La souffrance au travail engendrée par un environnement de travail qui n’est pas sain se traduit souvent par des signaux faibles (stress, fatigue, dépression, etc.), toutes ces petites informations difficilement détectables qui alertent ou annoncent un état de fragilité. »
2 Selon l’Assurance maladie, les risques psychosociaux regroupent :
- Le stress au travail (surcharge de travail, manque de moyens et d’autonomie, etc.)
- Les violences internes à l’administration/collectivité (harcèlement, conflit, etc.)
- Les violences externes à l’administration/collectivité (insultes, menaces, agressions, etc.)
L’exposition répétée à ces risques peut avoir des conséquences sur la santé des agents (maladies cardio-vasculaires, burn-out, suicide, affections physiques), et sur leur travail.
3 Risques psychosociaux (RPS) dans la fonction publique : repérer les signaux faibles Justine Kent • 08/01/2025 DOSSIER : L’amélioration de la qualité de vie au travail (AQVT)