Plus de 5 ans après l’entrée en vigueur du Brexit, le sommet commercial du 19 mai 2025 entre le Royaume-Uni et l’Union européenne pourrait marquer un tournant pour les exportations agroalimentaires britanniques. En effet, les deux blocs ont décidé de travailler à un accord sanitaire et phytosanitaire (« SPS »). Les Britanniques devraient ainsi s’aligner progressivement sur les règles de l’UE.
Avec l’accord SPS, tout SIVEP à la frontière franco-britannique est menacé car n’y sont contrôlés que des produits provenant de Grande-Bretagne. Ce qui est le cas du SIVEP Calais-Boulogne avec ses 3 sites de Boulogne Port, Calais Port et Tunnel sous la manche, ainsi que des SIVEP de Normandie, qui pourraient fermer leurs portes dès 2026.
Les SIVEP de Dunkerque et du Havre semblent plus chanceux car les contrôles restants seront sûrement effectués chez eux. Ces postes de contrôle frontalier sont historiques et ils ont été construits en dur. Ils sont à la frontière de l’Union Européenne avec le reste du monde. Ils réceptionnent les conteneurs du Brésil, du Pérou, de Chine etc… On peut imaginer que, demain, ils seront bien suffisants pour contrôler les exceptions anglaises. Tout ce qui vient de Chine est soumis à des clauses de sauvegarde. Si les anglais importent des denrées de Chine pour les exporter ensuite vers l’UE, le SIVEP de Dunkerque sera suffisant pour s’occuper de ces contrôles qui sont rares. L’activité des agents en charge des inspections de conteneurs à Dunkerque et au Havre ne sera pas affectée.
Les emplois directement menacés sont :
- les postes d’inspecteur aux frontières Brexit en charge du contrôle à l’import des marchandises britanniques,
- les postes à la certification export vers la Grande-Bretagne créés en DDPP et au SRAL pour le Brexit.
- les postes des vétérinaires contractuels,
- les postes des services support (Ressources Humaines, Informatique, Logistique..).
Mais aussi, tous les personnels des sociétés privées de dédouanement qui se sont implantées autour des SIVEP.
Beaucoup d’agents s’imaginent que :
- les effectifs vont être revus fortement à la baisse dans les SIVEP voire disparaitre,
- le cycle capitainerie (1 journée de 8h à 20h / 1 nuit de 20h à 8h / 3 jours de repos à partir de 8h) et les heures de nuit vont être supprimés en même temps que les horaires de contrôle vont changer,
- il n’y aura pas assez de place dans les administrations sur la Côte d’Opale pour reclasser 170 à 200 agents.
Les inquiétudes actuelles des agents sont nombreuses car qu’il n’y a pas de communication officielle, pour les confirmer ou non. Ainsi, les agents qui ont appris ces négociations dans la presse, ont peur :
- de perdre leurs primes de nuit et de subir une forte baisse de revenu. Ils ont peur de gagner uniquement le salaire de base après un reclassement.
- de devoir aller gagner le salaire de base loin de leur domicile et d’avoir à payer des frais de transport ou un logement ailleurs. Ils ont aussi peur que les reclassements proposés impliquent du célibat géographique.
- les agents contractuels en CDD ont peur de voir leurs contrats de travail définitivement supprimés et d’être remerciés.
- Les agents contractuels en CDI ont peur de se voir proposer les reclassements refusés par les titulaires et de perdre leur emploi en devant refuser des reclassements trop éloignés ou en abattoir.
- Les agents titulaires du concours CNAL Hauts-de-France ont peur de se voir proposer des postes éloignés dans un des cinq départements des Hauts-de-France.
- Les agents titulaires du concours national ont peur de se voir proposer des postes éloignés ailleurs en France.
Les enjeux pour tous ces agents sont énormes : garder un travail, garder un poste près de son domicile et de sa famille, garder si possible les primes de nuit et éviter des frais.
Notre ministère doit rassurer ses agents et doit communiquer sur les changements très prochains auxquels ils devront faire face.